Logistique et transport

La logistique et le transport jouent un rôle majeur dans la performance de la Supply Chain. Ils assurent l’acheminement physique des marchandises, du fournisseur jusqu’au client final, en veillant à la qualité, la sécurité, la rapidité et la rentabilité des flux. Face à la mondialisation, à l’évolution rapide des technologies et aux exigences toujours plus élevées des consommateurs en termes de délais et de service, les acteurs de la logistique et du transport doivent innover et adopter des pratiques durables et agiles.

Dans cet article, nous allons définir les enjeux de la logistique et du transport, présenter les principaux modes de transport et les stratégies d’optimisation, et mettre en avant les tendances et bonnes pratiques pour gagner en efficience et compétitivité.

1. Les enjeux de la logistique et du transport
  • Satisfaction client
  • Répondre aux exigences de délai et de fiabilité de livraison.
  • Réduire les ruptures de stock et assurer la traçabilité des produits pour un service de qualité.
  • Optimisation des coûts
  • Choisir les modes de transport et les itinéraires les plus adaptés pour diminuer les coûts (frais de carburant, péages, manutention).
  • Éviter les surcoûts liés aux retards, aux erreurs de préparation ou aux retours.
  • Maîtrise des risques
  • Sécuriser les flux face aux aléas (météo, grèves, accidents, événements géopolitiques).
  • Protéger les marchandises (vol, dégradation) et respecter les normes (réglementations douanières, ADR pour matières dangereuses, etc.).
  • Responsabilité sociétale et environnementale
  • Réduire l’empreinte carbone via des solutions de transport plus vertueuses (multimodal, électrique, GNL, etc.).
  • Améliorer l’efficacité énergétique, favoriser la logistique urbaine durable (livraison du dernier kilomètre optimisée).
  • Intégration technologique
  • Exploiter les outils digitaux (TMS, WMS, IoT, IA, blockchain) pour gagner en visibilité, en réactivité et en fiabilité.
  • Développer la collaboration avec les partenaires (fournisseurs, transporteurs, clients) grâce à des plateformes de partage de données.
2. Les principaux modes de transport

Routier

Mode de transport le plus utilisé pour la distribution de proximité et le dernier kilomètre.

Avantages : flexibilité, rapidité sur les courtes et moyennes distances, maillage géographique dense.

Inconvénients : saturation du trafic, coûts liés au carburant et aux péages, impact environnemental élevé.

Ferroviaire

Adapté au transport de gros volumes sur de longues distances.

Avantages : moindre impact écologique, capacité importante.

Inconvénients : manque de flexibilité, dépendance aux infrastructures et horaires, délais parfois plus longs.

Maritime

Indispensable pour le commerce international (conteneurs, vrac).

Avantages : coût par tonne-kilomètre parmi les plus bas, capacité de chargement élevée.

Inconvénients : délais de transit plus longs, contraintes portuaires, dépendance à la météo.

Aérien

Utile pour les marchandises à forte valeur ajoutée ou urgentes (high-tech, pièces de rechange critiques).

Avantages : rapidité, globalité du réseau.

Inconvénients : coût élevé, impact carbone important, restrictions sur certains produits (dangereux, volumineux).

Fluvial

Exploité le long des voies navigables (fleuves, canaux).

Avantages : solution économique et peu polluante pour du vrac ou du conteneur, absence d’embouteillages.

Inconvénients : dépendance à la géographie, lenteur relative, saisonnalité (étiage).

Multimodal

Combinaison de plusieurs modes (rail-route, mer-route, fleuve-route, etc.) pour tirer parti des atouts de chacun.

Permet de réduire les coûts, l’empreinte carbone, tout en gardant une certaine flexibilité.

3. Les stratégies d’optimisation logistique et de transport

Massification

Regrouper les flux (lots complets, fret consolidé) pour bénéficier d’économies d’échelle.

Externaliser la logistique à un prestataire (3PL, 4PL) pour mutualiser les volumes et réduire les coûts unitaires.

Cross-docking

Réduire ou supprimer la phase de stockage intermédiaire en plate-forme.

Les marchandises arrivant en centre de distribution sont immédiatement triées et expédiées vers les destinations finales.

Gestion du dernier kilomètre

Le dernier segment de livraison (souvent en zone urbaine) peut représenter une part significative du coût total (jusqu’à 20-40 %).

Développer des alternatives (livraison collaborative, points relais, véhicules propres) pour limiter les nuisances et les coûts.

Logistique inversée

Prise en charge des retours produits, du recyclage, du reconditionnement.

Optimiser la collecte des emballages et des déchets pour une économie circulaire (voir 2 – Achats Responsables).

Approche Lean et Juste-à-temps

Minimiser les stocks et les temps d’attente en coordonnant la production, la distribution et le transport au plus près de la demande.

Réduire les gaspillages (temps d’immobilisation, surproduction).

Collaboration et mutualisation

Développer des partenariats ou des groupements pour mutualiser les réseaux de distribution (ex. pooling entre industriels).

Partager les données et anticiper la demande grâce à des plateformes collaboratives, évitant les voyages à vide.

4. Les outils et technologies pour la logistique et le transport

TMS (Transport Management System)

Planification et optimisation des tournées (routing), gestion des transporteurs, suivi des coûts de transport, suivi des indicateurs (OTD, CO2).

Calcul automatique des itinéraires et des contraintes (fenêtres de livraison, interdictions de circulation).

WMS (Warehouse Management System)

Outil de gestion d’entrepôt (réception, stockage, préparation de commandes, expédition).

Interface avec le TMS pour organiser les enlèvements et livraisons.

IoT et tracking en temps réel

Capteurs GPS, RFID, GPRS pour suivre l’emplacement des véhicules, la température des marchandises, les conditions de transport.

Alimentation d’un portail client permettant de connaître l’ETA (Estimated Time of Arrival).

Big Data et IA

Analyse prédictive pour ajuster les prévisions de trafic, identifier les schémas d’optimisation de flux, prévenir les risques.

Chatbots pour informer les clients sur le statut de livraison, orienter les transporteurs (voir 3.5 – Intelligence artificielle et chatbots).

Plateformes collaboratives

Mise en relation des chargeurs et transporteurs, bourses de fret (Freight Exchange), systèmes de co-chargement.

Fluidification des échanges d’informations, réduction du taux de chargement à vide.

5. Les défis et tendances du futur

Green Logistics

Réduction de l’empreinte carbone, utilisation de véhicules plus propres (électriques, hydrogène, biogaz), transport multimodal.

Éco-conception des emballages, transport groupé, logistique urbaine durable.

Logistique 4.0

Automatisation via la robotique (AGV – Automated Guided Vehicles, drones), entrepôts intelligents, entrepôts automatisés.

Intégration de la réalité augmentée (assistance visuelle pour les préparateurs de commandes) et de la blockchain (traçabilité).

Customisation et rapidité

Explosion de l’e-commerce : délais de livraison toujours plus courts (même jour, 2 heures), croissance du click & collect.

Pression sur la Supply Chain pour concilier rapidité, coût et impact environnemental.

Gestion des risques et résilience

Pannes, catastrophes naturelles, instabilité politique : renforcer la réactivité en multipliant les scénarios de transport et en diversifiant les sources.

Développement de la logistique nearshore ou onshore pour réduire la dépendance aux flux lointains (relance de la production locale).

E-commerce transfrontalier

Augmentation du commerce international en ligne.

Adaptation aux réglementations douanières, gestion des retours internationaux, transparence des coûts de livraison.

6. Bonnes pratiques pour améliorer la logistique et le transport

Fiabiliser les prévisions

Collaborer avec les services ventes et marketing pour anticiper les pics ou creux d’activité.

Utiliser des méthodes de prévision statistiques ou d’IA.

Cartographier les flux

Analyser les origines, destinations, volumes, fréquences.

Identifier les maillons critiques, proposer des scénarios d’optimisation.

Sélectionner les bons partenaires

Choisir les transporteurs et prestataires logistiques sur la base de critères multiples (coût, fiabilité, couverture géographique, RSE).

Négocier des contrats-cadres, définir des indicateurs de performance (taux de service, réactivité, empreinte carbone).

Améliorer la visibilité

Partager les informations sur la commande et le suivi d’expédition avec les clients et les différents acteurs.

Mettre en place un tracking en temps réel pour détecter rapidement les retards ou anomalies.

Équilibrer coûts, qualité et impact environnemental

Évaluer le TCO (Total Cost of Ownership), incluant les externalités (pollution, congestion), et pas uniquement le prix du transport.

Intégrer les critères RSE (emissions CO₂, conditions sociales) dans les appels d’offres.

S’engager dans une démarche d’amélioration continue

Mettre en place des KPIs (taux de livraison à temps, taux d’incidents, coût par km ou par tonne, etc.).

Analyser régulièrement les écarts, identifier les gisements d’économies ou de productivité, tester des innovations (véhicules autonomes, drones, etc.).

7. En résumé

La logistique et le transport constituent l’épine dorsale de la Supply Chain, garantissant la disponibilité des produits au bon endroit, au bon moment, et au coût optimal. Dans un contexte de mondialisation et de digitalisation :

Les professionnels de la logistique doivent orchestrer les modes de transport (routier, ferroviaire, maritime, aérien, fluvial) et déployer des stratégies (massification, cross-docking, mutualisation) pour optimiser les flux.

Les entreprises misent sur des outils (TMS, WMS, IoT, Big Data) pour gagner en visibilité, en réactivité et en fiabilité.

La réduction de l’empreinte environnementale et la collaboration inter-entreprises sont devenues des priorités pour répondre aux défis sociétaux et réglementaires.

Pour les professionnels et étudiants de la fonction Achats et de la Supply Chain, il est crucial de :

Comprendre les contraintes et opportunités de chaque mode de transport (coûts, délais, impact écologique),

Savoir concevoir des schémas logistiques performants, alignés sur la stratégie de l’entreprise (stockage, distribution, service client),

Maîtriser les dispositifs digitaux (TMS, WMS, tracking, analytics) et cultiver la transversalité avec les autres fonctions (production, ventes, finance, RSE),

Intégrer une démarche d’amélioration continue, en ajustant régulièrement les plans de transport et l’organisation logistique selon les retours d’expérience et l’évolution du marché.

En conciliant efficacité, durabilité et satisfaction client, la logistique et le transport renforcent la compétitivité et la création de valeur au sein de la chaîne d’approvisionnement.