Impacts sociétaux et communication

Dans une démarche d’Achats Responsables, il est essentiel de prendre en compte non seulement les considérations environnementales et économiques, mais aussi les impacts sociétaux associés aux approvisionnements et aux partenariats avec les fournisseurs. Ces impacts peuvent se manifester sous de multiples formes : développement local, inclusion sociale, amélioration des conditions de travail, promotion de la diversité, etc. Par ailleurs, la communication autour de ces actions et de ces résultats est un levier indispensable pour valoriser les efforts de l’entreprise, renforcer la confiance des parties prenantes et impulser un cercle vertueux d’amélioration continue.

Dans cet article, nous verrons comment identifier, mesurer et valoriser les impacts sociétaux liés aux Achats, et comment mettre en place une stratégie de communication claire et cohérente, tant en interne qu’en externe.

1. Comprendre et évaluer les impacts sociétaux des Achats
1.1. Les différentes formes d’impacts sociétaux
  1. Emploi et développement local
    • Contribution à la création ou au maintien d’emplois dans les territoires.
    • Soutien à l’économie locale (TPE, PME, acteurs de l’ESS), notamment dans les zones rurales ou défavorisées.
    • Dynamisation du tissu socio-économique à travers la commande publique ou privée (infrastructures, services, etc.).
  2. Conditions de travail et droits humains
    • Amélioration de la santé et sécurité au travail chez les fournisseurs.
    • Respect des droits fondamentaux (lutte contre le travail forcé, travail des enfants, discrimination, etc.).
    • Accompagnement des fournisseurs dans la montée en compétences (formations, partage de bonnes pratiques).
  3. Inclusion et diversité
    • Valorisation du handicap, de l’égalité femmes-hommes, de la diversité culturelle dans les entreprises prestataires.
    • Soutien à des structures d’insertion (entreprises adaptées, chantiers d’insertion) ou à l’économie sociale et solidaire.
    • Promotion du multiculturalisme et de la non-discrimination tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
  4. Engagement citoyen et philanthropie
    • Programmes de mécénat ou de partenariats associatifs (éducation, culture, solidarité, etc.).
    • Implication des collaborateurs de l’entreprise dans des actions locales (bénévolat, donations, mentorat).
1.2. Identifier les enjeux clés et les attentes des parties prenantes

Pour établir des priorités claires, il est nécessaire de :

  • Cartographier les parties prenantes : clients, collaborateurs, institutions, ONG, communautés locales, investisseurs, etc.
  • Analyser leurs attentes : via des enquêtes, des entretiens, des ateliers collaboratifs (matrice de matérialité).
  • Hiérarchiser les enjeux : en tenant compte de la stratégie de l’entreprise, des impacts potentiels et du contexte socio-économique (voir 2.2 – RSE et critères sociétaux).
1.3. Mesurer et quantifier les impacts sociétaux
  • Indicateurs qualitatifs : témoignages, études de cas, retours d’expérience, etc.
  • Indicateurs quantitatifs : nombre d’emplois créés ou maintenus, volume d’achats réalisés auprès de structures d’insertion, taux de sous-traitance locale, etc.
  • Outils de reporting : tableaux de bord RSE, reporting intégré (selon les référentiels GRI, ISO 26000, etc.), audits sociaux, labels et certifications spécifiques.
2. Définir une stratégie de communication adaptée
2.1. Les objectifs de la communication RSE et sociétale
  1. Transparence et crédibilité
    • Informer de manière claire et factuelle sur les actions menées et les résultats obtenus (indicateurs, témoignages, comparaisons dans le temps).
    • Montrer la cohérence entre les engagements annoncés et les réalisations concrètes.
  2. Engagement des parties prenantes
    • Fédérer les collaborateurs, clients, fournisseurs et partenaires autour d’une vision partagée.
    • Susciter l’implication, recueillir des retours d’expérience et identifier de nouvelles pistes d’amélioration.
  3. Valorisation de la marque employeur et commerciale
    • Attirer des talents sensibles aux valeurs sociétales de l’entreprise.
    • Renforcer l’image de l’entreprise auprès des clients et des investisseurs, de plus en plus attentifs aux critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance).
  4. Diffusion des bonnes pratiques
    • Inspirer d’autres acteurs du marché à s’engager dans des démarches similaires.
    • Partager des méthodes, outils et solutions innovantes en matière de développement social et territorial.
2.2. Les canaux de communication
  1. Rapport RSE / Rapport intégré
    • Document de référence où l’entreprise expose ses politiques, ses objectifs et ses indicateurs de performance en matière de RSE.
    • Peut inclure un chapitre dédié aux Achats Responsables et aux impacts sociétaux associés.
  2. Événements et rencontres professionnelles
    • Salons, conférences, webinaires : occasions de présenter les initiatives menées, d’échanger avec d’autres acteurs et de nouer des partenariats.
    • Comités et clubs RSE, associations professionnelles (CDAF en France, par exemple).
  3. Supports digitaux
    • Site web, réseaux sociaux, newsletters internes : canaux rapides pour valoriser les actions sociétales, partager des témoignages et publier des actualités ou des retours d’expérience.
    • Plateformes collaboratives : favoriser le dialogue continu avec les fournisseurs, clients et communautés locales.
  4. Communication interne
    • Articles dans l’intranet, affichage, réunions d’équipes : permettre aux collaborateurs de s’approprier les objectifs et de devenir des relais d’information.
    • Formations et ateliers de sensibilisation pour intégrer les enjeux sociétaux dans le quotidien des acheteurs et prescripteurs.
2.3. Les règles d’or d’une communication responsable
  • Authenticité et sincérité : éviter le greenwashing ou le social washing en vérifiant l’exactitude des informations diffusées et en restant transparent sur les difficultés rencontrées.
  • Cohérence globale : aligner la communication RSE avec la stratégie d’entreprise, les politiques internes et la réalité opérationnelle (achats, production, etc.).
  • Facteurs de preuve : s’appuyer sur des chiffres, des labels reconnus, des témoignages concrets pour étayer les messages et inspirer confiance.
  • Écoute et dialogue : favoriser la remontée de feedback, inclure les parties prenantes dans les processus de décision et de suivi.
3. Maximiser l’impact sociétal des Achats : bonnes pratiques
  1. Contractualisation avec des structures d’insertion ou de l’ESS
    • Mettre en place des clauses sociales dans les appels d’offres pour encourager l’embauche de personnes éloignées de l’emploi.
    • Nouer des partenariats durables avec des associations ou des coopératives pour soutenir l’économie locale.
  2. Organisation de forums ou de rencontres fournisseurs
    • Partager les exigences et les valeurs de l’entreprise en matière d’inclusion et de développement territorial.
    • Faciliter la mise en réseau de fournisseurs engagés et la collaboration autour de projets solidaires.
  3. Accompagnement et co-développement
    • Soutenir la montée en compétences de fournisseurs modestes ou implantés dans des zones en difficulté (formation, mentorat, transfert de savoir-faire).
    • Co-innover pour trouver des solutions répondant à des besoins sociaux (voir 2.6 – Valeur partagée et co-innovation).
  4. Évaluation et amélioration continue
    • Mettre en place des indicateurs spécifiques pour suivre l’impact sociétal des achats (taux de contrats conclus avec des entreprises sociales, nombre d’emplois créés, etc.).
    • Procéder à des revues régulières, des bilans et des retours d’expérience pour affiner la stratégie et la communication.
4. Facteurs clés de succès
  1. Alignement stratégique et soutien managérial : la direction doit porter et valoriser les initiatives liées aux impacts sociétaux et mobiliser les ressources nécessaires (budgets, expertises, outils).
  2. Transversalité et collaboration : les Achats ne peuvent agir seuls ; la synergie avec les départements RSE, RH, Marketing, Communication ou encore Finance est essentielle pour obtenir des résultats tangibles.
  3. Mesure et indicateurs pertinents : définir en amont les KPIs liés aux impacts sociétaux et communiquer régulièrement sur leur évolution.
  4. Approche partenariale : impliquer les fournisseurs dans la définition et la réalisation des objectifs sociétaux, co-construire des solutions adaptées à chaque contexte.
  5. Communication ciblée et transparente : adapter les messages et les canaux à chaque public (collaborateurs, clients, institutionnels, médias) et rendre compte des avancées comme des difficultés.
5. En résumé

La prise en compte des impacts sociétaux dans la fonction Achats s’inscrit dans une logique globale de responsabilité, de développement durable et de création de valeur partagée. En agissant sur l’emploi, l’inclusion, la diversité et le développement local, les professionnels Achats peuvent contribuer concrètement à l’essor d’un modèle économique plus solidaire et résilient.

Pour maximiser ces impacts et en faire un levier de performance durable, la communication joue un rôle primordial. Elle permet de :

  • Valoriser les efforts de l’entreprise et la mobilisation des collaborateurs,
  • Renforcer la confiance des parties prenantes,
  • Partager les bonnes pratiques et encourager l’amélioration continue.

Ainsi, les Achats Responsables ne se limitent pas à la seule conformité réglementaire ou à la réduction de l’empreinte environnementale ; ils doivent également intégrer la dimension sociétale, en s’appuyant sur une communication fiable et transparente. Les professionnels et étudiants de la fonction Achats ont donc tout intérêt à développer leurs compétences en matière de pilotage d’impacts sociétaux, de dialogue avec les fournisseurs et de communication RSE, afin de renforcer la contribution positive de leur organisation auprès de l’ensemble de ses parties prenantes.